Au bout du monde, sous le signe de l’Histoire et de la Mémoire

Le 26 mai, la section du Finistère nord de la Société des membres de la Légion d’Honneur avait mis le cap à l’ouest. Sa sortie annuelle s’est tenue au bout du monde (Pen ar Bed), sous le signe de l’Histoire et de la Mémoire, au fort de Bertheaume, entre les pierres de l’abbaye de Saint-Mathieu, avant de s’achever par une cérémonie au mémorial « Aux Marins ».
Alain Boulaire, expert de l’Histoire du 18ème siècle et plus particulièrement de celle de la marine et du pays de Brest, a entrainé à sa suite une quarantaine de légionnaires. Sous un ciel lumineux ils ont vu défiler les escales navales anglaises tirant des bords dans le vestibule du goulet de Brest pour tenter de bloquer la sortie des navires de la duchesse de Bretagne, des rois de France, puis de la République Française. Certains nous assurent qu’ils ont vu plonger le sous-marin de Fulton, dans une ultime tentative pour convaincre le premier consul Bonaparte d’utiliser un moyen naval inédit pour aller torpiller les britanniques. Forteresse bâtie sur une île, rendu célèbre par la bande dessinée « L’Epervier » de Patrice Pellerin, Bertheaume a longtemps représenté un lieu stratégique, renforcé par Colbert et plus récemment par les allemands au cours de la deuxième guerre mondiale. Sous la conduite de Michel Ferrane, président de l’AGASM et d’un musée extraordinaire, les légionnaires ont ensuite pu plonger à bord de sous-marins d’hier et d’aujourd’hui, avec les hommes du Narval puis des SNLE Redoutable et Triomphant. Une équipe de bénévoles a témoigné de la chaleureuse ambiance et de l’esprit solidaire qui règne dans des espaces confinés où le silence est la règle absolue, pour mieux écouter les bruits de l’océan et des hélices hostiles.
De Bertheaume à Saint-Mathieu,  il n’y a qu’un pas. Au pied d’un phare au sommet écarlate, se dressent les ruines d’une abbaye construite au 12ème siècle, dont les murs élancés et les piliers sculptés témoignent de l’intense activité qui régna dans cette bourgade du bout monde, face à l’Océan Atlantique.
De l’abbaye, le chemin côtier passe au pied d’un sémaphore qui surveille l’intense trafic qui, via le rail d’Ouessant, accède à la Manche et la mer du Nord. De là les légionnaires sont parvenus au mémorial national des marins morts pour la France. Ils ont participé à la cérémonie organisée de concert par notre section et par l’association « Aux Marins », présidée par Pierre Léaustic, officier général de la Marine (2 s), assisté d’un équipage au dynamisme tout à fait remarquable. Après un dépôt de gerbes, les légionnaires sont descendus dans la cénotaphe. Après que Paul Tréguer, président de section, ait ranimé la flamme de la Nation, Henri Pellé et Marcelle Le Saint ont rendu hommage à trois marins morts pour la France : Joseph Michel Jourden (résistant tué en 1944), Louis Yves Marie Kerros (disparu en mer en 1943) et Yves Jean Le Dreff (porté disparu en 1942), dont les photographies ont été dévoilées par les familles des morts pour la France.
Moments d’émotion, de partage et de chants.

Le 26 mai 2016                                                                                                        Paul Tréguer