Brest,ville américaine 1917 – 1919

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Brest, ville américaine 1917 – 1919

Avec le soutien de la commission du centenaire et en coopération avec le Centre de Recherches Bretonnes et Celtiques, à l’initiative de Pierre Lostis, la section du nord Finistère, organisait le 19 juin, à Brest, une « journée américaine ». Elle s’est tenue à la faculté des Lettres et Sciences Humaines, avec la participation d’une nombreuse assistance.
« Journée américaine », le 19 juin 2017, organisée à Brest par la section du Finistère nord de la SMLH en coopération avec le Centre de Recherches Bretonnes et Celtiques. A gauche : une nombreuse et très interactive assistance. A droite : la journée s’est terminée par un concert de jazz donné par le « Breiz Band » de Saint-Renan.
La Grande Chancellerie était représentée par Tom Dutheil, attaché de conservation au Musée de la Légion d’Honneur et des ordres de chevalerie. Il a introduit cette journée par une superbe conférence sur « La Légion d’Honneur et les américains dans la Grande Guerre », rappelant qu’elle est la décoration la plus prestigieuse pour nos amis d’outre Atlantique. L’« American Society for the French Legion of Honor » sera lancée, dans les années 20, par William Franklin Paris. La création du musée de la Légion d’Honneur à Paris en 1925 sera possible grâce à la contribution de William Nelson Cromwell, l’un des principaux mécènes.
Annette Becker, professeur à Paris-Nanterre, après avoir situé l’importance de l’intervention des Etats-Unis d’Amérique dans le conflit de la Grande Guerre (rappelant la célèbre phrase qu’aurait prononcé le général Pétain : « j’attends les chars et les Américains »), illustre de nombreux impacts sociaux et culturels de l’intervention américaine au niveau national. Philippe Gumplowicz, professeur à Ecole des hautes études en sciences sociales, nous a fait revivre le personnage pittoresque de James Reese Europe. Artiste de renom il est mobilisé comme lieutenant au sein du 369th Infantry Regiment. A la tête d’un « jazz band » de 44 musiciens noirs il débarque à Brest le 3 décembre 1917, avant de se produire à Nantes le 28 février 1918, au théâtre Graslin, suscitant l’enthousiasme d’un journaliste de « Ouest-éclair » qui qualifie le jazz de « forme d’art élevé » et de musique « ultramoderne ». Au son du ragtime les « Harlem Hell fighters » remonteront jusqu’au Rhin payant un lourd tribut à la Grande Guerre.
De 1917 à 1919, le séjour ou le passage de 800 000 militaires américains allait profondément marquer la vie des habitants du port du Ponant (80 000 habitants), avec des conséquences positives sur le système de santé et d’alimentation en eau, sans compter les aménagements portuaires. Principalement installés au nord de la ville, dans le camp de Pontanezen, les militaires allaient éditer le « Pontanezen duckboard », véritable « canard » local, pour les
annonces et les faits de la vie quotidienne, dont des extraits ont été lus (en anglais et en français) par David Michael Nelson, professeur émérite à l’Oregon State University.
Un des moments forts de cette « journée américaine » a été la remarquable synthèse de Sébastien Carney (Université de Bretagne Occidentale) qui, à partir de l’extrait d’un film produit par l’armée des Etats-Unis (voir image ci-dessous) nous a fait prendre conscience du choc de civilisations qu’a représenté cette arrivée massive des troupes américaines.
Portrait d’un jeune marin de l’US Navy au doigt sur la bouche : il vient subrepticement (car les militaires en service n’ont pas le droit de boire d’alcool) d’acheter une bouteille de cidre à une Brestoise qui, en costume d’époque, tient un « stand » de boissons. Une vraie rencontre de civilisations. Extrait de film, libre de droits, tourné par l’armée américaine, cette image est aimablement fournie par la Cinémathèque de Bretagne (Brest).
Dans une liesse générale, une dynamique prestation jazz du « Breiz Band » de Saint-Renan a conclu cette journée, décidément plongée dans une ambiance nord-américaine.