Commerçants entrepreneurs même combat

Une première constatation nous fait remarquer que les commerçants nord-finistériens, comme les entrepreneurs, sont peu nombreux parmi les décorés de la Légion d’honneur, perdus au milieu du flot des militaires et surtout des marins. La deuxième, est qu’ils ont été décorés le plus souvent pour leurs activités consulaires que pour leurs activités propres de producteurs ou de revendeurs. Enfin, bien sûr, comme tous les citoyens français, ils ont accompli leur devoir en tant que mobilisés lors des grands conflits de ces siècles derniers.

Il est parfois bien difficile de distinguer dans la palette des activités extrêmement diverses des intéressés quel a été le critère qui l’a emporté pour leur voir attribuer la Légion d’honneur. Si on prend le cas du Morlaisien Marie-Aristide Andrieux, il est négociant, manufacturier, armateur, président de la Chambre de Commerce de Morlaix, membre de diverses chambres ou conseils consultatifs, et qui plus est, trois fois conseiller général. Le cas du Brestois Pierre-Henry d’Artigues est à peine moins compliqué : il est baron (cela a de l’importance sous la Restauration), banquier, maire de Brest, délégué près du ministre des finances et commissaire du gouvernement ! Quant au négociant morlaisien Louis-Léon Briens, la Légion d’honneur lui est manifestement décernée pour son rôle pendant la guerre de 1870 : lieutenant au 4ème Bataillon de gardes mobiles du Finistère et défenseur de Paris lors du siège par les Prussiens. Colson-Blanche semble, par contre, un des rares acteurs économiques né dans le Finistère nord, et récompensé pour son activité professionnelle. Il est meunier à Gouvieux dans l’Oise, expert en douane, président de l’Association nationale de la meunerie, mais il est aussi polytechnicien et ancien officier d’artillerie. Enfin il y a les obscurs et les sans-grades qui œuvraient dans le commerce et l’industrie, et qui ont eu une conduite exemplaire lors des Guerres Mondiales, souvent payée au prix fort avec pour preuve de graves infirmités.

On trouve donc sous ces génériques : un coiffeur, un imprimeur, un horloger, un menuisier, un employé de commerce, un garçon de magasin, un comptable qui côtoient un banquier, un agent de change, un président de chambre ou de tribunal de commerce, des directeurs de société, des membres de conseils d’administration, un maître-verrier, un transporteur routier. Tous avaient bien mérité de la Nation.