Conférence prononcée le Jeudi 10 Décembre 2015 par le Dr Henri TURIER.
Des os et des hommes
« Il voulait me donner un coup de pied sur la flûte et je l’ai reçu sur la roulette ». Non ! C’est une phrase qui n’a rien d’indécent. C’est ainsi qu’on parlait au moyen âge et au début des Temps modernes. Ambroise Paré le « chirurgien des rois et le roi des chirurgiens ne s’exprimait pas autrement quand il designait le tibia (flûte) et la rotule (roulette) et Montaigne non plus. Montaiogne confondait tibia et flûte ? Affirmatif ! Il faut dire qu’Ambroise Paré, le père fondateur du service de santé des armées n’était pas médecin mais barbier, donc « manuel » et les médecins traitaient de haut les chirurgiens (étymologiquement « hommes travaillant avec leurs mains »). Ils tenaient à user d’une autre langage, si possible dérivé du latin ou du grec. Et les gens du peuple ignoraient ces deux langues. Mais alors me direzvous mles médecins n’étaient pas compris de leurs patients ? Quelle importance! On sait depuis Molière que le langage des médecins est fait pour les médecins pas pour les malades. Sous la houlette du médecin-colonel H.J.T. passionné pour l’histoire (et les histoires) de la médecine nous nous promènerons dans un jardin du patrimoine, un patrimoine qui nous est cher, celui de notre corps, et plus précisément nos os, notre charpente. Combien d’os ? 214 (certains en double bien sûr). Nous voyagerons de bas en haut de cette anatomie, en termes plus savants du calcaneum à l’occiput, avec à mi-chemin le coucou (coccyx) et l’os du sanctuaire. Pardon ! Oui, le sacrum qui jouait un grand rôle lors des sacrifices dans les temples gréco-romains. Que de surprises, autant que celles d’Ali Baba dans sa caverne, ou Alice au pays des merveilles! A bientôt pour cette leçon d’anatomie, anatomie sans peine.
-Le 10 décembre 2015 trente et quelques sociétaires de la section du Nord du Finistère étaient invités par le médecin-colonel (E.R.) H.J. Turier à un voyage, un voyage pas comme les autres, dans un site qui nous est cher : notre corps, plus précisément notre squelette. Nous nous sommes baladés une heure durant d’un point à un autre de cette charpente osseuse, de pied en cap pour parler français, du calcanéum à l’occiput si on préfère le latin, c’est à dire le langage savant.
Pendant cette heure de cours nous avons eu droit à une virée en ostéologie, science de base de la médecine. Et cette virée s’est faite en compagnie de grands noms de la Renaissance : Montaigne, Rabelais et surtout Ambroise Paré, père fondateur de la chirurgie des rois (François Ier, Henri II). Sait-on que jusqu’à la Révolution les chirurgiens n’étaient pas médecins mais, comme le veut l’étymologie, « hommes de main » travailleurs manuels méprisés par les « bonnets pointus » émules de Diafoirus, tout juste bons à raser les mentons et crever les abcès.
Passionnante cette équipée dans le « tissu osseux », en évitant « les parties molles » comme le dit dans son langage exquis l’anatomie humaine. Chemin faisant, nous nous sommes attardés sur toutes sortes d’organes plus pittoresques les uns que les autres quand ils ont perdu leur nom savant. Qu’est le tibia sinon une flûte ? Et le péroné ? Une épingle. Là dans votre nez Mesdames et Messieurs le « vomer » n’est qu’un soc de charrue et ainsi de suite. Savez-vous quel est votre os le plus lourd ? Facile direz-vous le « fémur » bien sûr. Et le plus léger ? Vous donnez votre langue au chat ? Donnez-lui plutôt votre oreille cet osselet est l’étrier, derrière le voile du tympan (ou tambour). Quel beau voyage. A quand, mon colonel, à quand un autre voyage, mais cette fois dans les « parties molles » ? Demandez-le à notre président, à Paul T.
Cela dit Bonne année à tous (et bonne santé évidemment. Pensez aux vitamines et au calcium).