Conférence du Jeudi 14 Juin 2012

Marie LENERU ( 1875 – 1918 ) Femme de Lettres

Le 14 juin, Jacques ARNOLD, Capitaine de frégate ( H ) passionné d’Histoire nous a présenté Marie LENERU, écrivaine et dramaturge, née à Brest en 1875 et décédée à Lorient en 1918. Elle est fille, petite-fille et arrière petite-fille d’ officiers de Marine « Dauriac ».

Cette femme de caractère désignée parfois comme le Marc-Aurelle féminin et que ses admirateurs considéraient comme digne d’être admise à l’Accadémie Française si cette noble assemblée avait été ouverte aux femmes. L’examen attentif de ses oeuvres montre une femme de Lettres de talent.

Cependant sa vie a été placée sous le signe de la tragédie. En effet, elle perd son père Lieutenant de Vaisseau en 1876. Sa mère veuve à vingt et un ans attend un deuxième bébé qui naitra le 3 août 1976. Mais le drame est encore présent un an plus tard, quand ce petit garçon décède. Dès lors, Marie LENERU recevra les soins constants de sa maman car, la maladie la guette. En 1887, elle est atteinte de la rougeole dont elle gardera les séquelles de complications: une surdité totale et cécité quasi totale également. Une dizaine d’années plus tard elle recouvrira en partie la vue. Condamnée au silence par ses handicaps, elle se plongera dans l’écriture et notamment dans la dramaturgie.

Aprés une vaine tentative dans le roman, elle écrit en 1905 un essai sur le révolutionnaire Saint-Just qui lui vaut un grand succès. Barrés la félicite pour « ses pages exaltantes ». En 1908 pour « La Vivante » sorte de poème en prose sur Helen KELLER une américaine sourde, muette et aveugle, elle recevra le premier PRIX d’un grand journal parisien et cette nouvelle sera publiée dans ce journal.

Mais sa véritable vocation est le théâtre. En 1910, sa première pièce  » Les Affranchis  » est éditée à Paris et elle triomphe au Théâtre de l’Odéon. Tous les journeaux de l’époque en parle. Cette pièce sera couronnée par l’Accadémie français qui lui attribuera le PRIX Emile Augier en 1914. D’autres pièces suivront. En 1912 elle publie  » La Triomphante  » qui sera jouée au  » Français  » théatre de la Comédie Française en 1918. La même année 1912, voit la parution de sa pièce  » Le Redoutable » qui a pour sujet la trahison d’un officier de Marine. Mais dans l’atmosphère de pré-guerre avec l’Allemagne, cette pièce est mal accueillie. Sa pièce  » La Paix  » écrite en 1916 ne sera jouée qu’en 1921. D’autres ouvrages ne seront publiés qu’aprés sa mort:  » Le Bonheur des autres  » – « La Maison sur le roc  » –  » Les lutteurs « . Une pièce  » Le MAdhi  » reste inédite.

C’est son journal intime publié en 1922 qui nous révelera Marie Lenéru; cette femme meutrie par son état et qui supportera philosophiquement  » sa longue souffrance « .

Atteinte de la grippe espagnole, elle décédera à Lorient le 23 septembre 1918. Plus tard elle sera inhumée à Brest où l’on peut toujours voir sa tombe. Au moment de la guerre, elle avait pris le parti du pacifisme et sa rencontre avec Léon Blum l’a attirée vers le socialisme bien qu’elle ait déclaré en 1900:  » Le socialisme comme le paradis. Beaucoup plus parfait mais on regrettera la Terre « .

Son « Journal » a été réédité en 1945 et en 2007. Il mérite sa place dans nos bibliothèques. Depuis 1926, une rue de Brest porte son nom.