Conférence : « La guerre biologique »

Conférence prononcée le Jeudi 12 Novembre 2015 par M. le médecin chef des services (2s) Philippe BIETRIX.

La biologie : une arme ?
 
MCS (H) Philippe Bietrix
 
Si des témoignages existent de l’utilisation de bactéries ou de virus comme arme pour neutraliser un ennemi, telle l’épidémie de peste noire de 1346 véhiculée par les Génois dans leur fuite de Kaffa, le travail expérimental de l’Unité 731 en Mandchourie de 1931 à 1945, la contamination de l’île Gruinard en Ecosse de 1942 à 1990, mais encore la guerre en Iran – Irak (1980-1988), les enveloppes piégées à l’anthrax en 2001 aux Etats-Unis. Qu’en reste-t-il en 2015 ?
Historiquement il faut bien reconnaitre que le période faste pour les recherche effectuées dans ce domaine se situe de la fin de la deuxième guerre mondiale jusqu’à l’année 1972, date de la rédaction de la Convention d’interdiction de l’arme biologique, encore refusée par 21 pays sur les 197 reconnus par l’ONU. Les deux grands acteurs ont toujours été les américains avec l’USAMRIIDS (United States of America Medical Research Institute for Infectious Deseases) et les soviétiques avec le programme « Biopréparat ».
Une bactérie, un virus, une toxine (poison redoutable produit par une bactérie), sont capables de devenir une arme que l’on peut disperser pour contaminer  les hommes, les animaux, les végétaux. Pour obtenir une arme efficace l’agent utilisé doit présenter des caractères définis dès 1949 aux Etats-Unis, entre autres : une virulence forte pour une faible quantité contaminante, une résistance élevée aux traitements, l’absence de vaccin chez l’ennemi. Le plus souvent l’agent est modifié par un traitement de biologie moléculaire (surtout les bactéries) qui lui confère des caractères de meilleure efficacité, virulence, résistance, de plus grande difficulté de détection. Les agents les plus actifs restent ceux de la classe A, très actifs, faciles à produire et répandre, responsables de maladies hémorragiques (maladie d’Ebola par exemple). Parmi les toxines on retiendra la toxine botulinique et la ricine.
Pour répandre les agents actifs plusieurs possibilités existent depuis l’action commando (contamination de l’eau par exemple), l’utilisation du vecteur naturel de la maladie (puce, tique), jusqu’à l’utilisation d’un vecteur militaire (missile, bombe). L’important actuellement est de savoir diagnostiquer le présence de l’agent non seulement chez le patient atteint afin de lui donner un traitement adapté mais encore d’essayer de le détecter au moment de la dispersion avec le plus de précision possible.
En France la lutte contre l’arme biologique repose sur la mise en œuvre du plan gouvernemental Biotox avec ses deux volets d’action. D’une part on peut parler de mesures permanentes : instauration d’une veille sanitaire avec surtout formation des personnels, leur préparation et la maintenance de moyens (stocks de vaccins, de médicaments). Le deuxième volet est constitué par la gestion même de crise, déclanchement du plan au niveau du gouvernement et de ses réseaux : zones de défense (n=7), préfectures (100) et leurs structures annexées (SDIS, Police , Gendarmerie), centre de sécurité civiles (n=3). Au niveau des établissements de santé la gestion de crise consiste dans la mise en œuvre du Plan Blanc de prise en charge d’un afflux de patients, plan que chaque établissement se doit d’avoir préparé tant au niveau de ses matériels que de ses personnels.