La résistance

Au lendemain du 19 juin 1940, des centaines de Bretons parmi lesquels de très nombreux Finistériens, répondent à l’appel du général de Gaulle, franchissent la Manche et rejoignent l’Angleterre. Mais beaucoup de patriotes sont restés sur le sol français et, dans l’ombre, tissent une immense toile d’araignée : plusieurs réseaux, s’ignorant très souvent les uns les autres, décident de poursuivre la lutte contre l’envahisseur et mènent une action clandestine qui s’intensifie de jour en jour.

Cloisonnée, la Résistance reste secrète les premiers mois de l’occupation et seules les arrestations d’agents de renseignement apprennent aux Français l’existence des premières actions clandestines. Sur la côte, les marins pêcheurs se mobilisent et se transforment en « passeurs », animant des réseaux de renseignements et d’évasions. De même que la plupart des Bretons, ces résistants de la première heure vivent la capitulation comme une profonde humiliation que leur fierté et leur esprit d’indépendance ne peuvent accepter. Par ailleurs, les profondes saignées opérées dans les familles par la Première Guerre mondiale ont marqué tous les esprits qui ne peuvent supporter l’occupation de notre pays. Parmi tant d’autres, les réseaux Ajax, Alliance, Blanche de Castille, Bourgogne, Centurie, Défense de la France, Libé Nord, Jade Fitzroy, Johny, Mario Kléber, Pat O’Leary, Sibiril, Var, Vengeance, Violette menèrent ainsi une lutte héroïque dans le Finistère et la Bretagne.

ALLIANCE

Ce réseau de renseignement est organisé depuis Vichy dès l’automne 1940 par Georges Loustanau-Lacau, pseudonyme Navarre, N1, sous le nom de code Croisade. Pris en charge par l’Intelligence Service britannique au printemps 1941, il devient Alliance. Il se caractérise par son efficacité reconnue, son recrutement social et politique varié et très féminisé. Il est protégé par les services secrets de Vichy jusqu’au 11 novembre 1942, date du franchissement de la ligne de démarcation par les Allemands. Ce réseau ne fait pas partie du Conseil National de la Résistance et ses membres reçoivent un pseudonyme animalier d’où le nom d’ « Arche de Noé » donné par l’ennemi. Ses agents sont déportés par la Gestapo sous le régime « Nacht und Nebel » et systématiquement exterminés. Alliance couvre la Bretagne et l’Anjou, et s’implante dans le Finistère à l’été 1942. Il est dirigé depuis Brest par Maurice Gillet, surnommé le « sorcier de Brest » en raison de ses excellents résultats. Il est en liaison avec Défense de la France, Jade Fitzroy, Violette animé par Violette Coudol, qui ne font pas partie non plus du CNR. Sur les 19 Finistériens du réseau, 18 sont arrêtés en 1943, déportés et massacrés (6 au Struthauf, 12 à Pfortzheim).

JOHNY

Ce réseau est créé conjointement à Londres par le Bureau Central de Renseignement et d’Action (France libre) et le Military Intelligence 6 (MI6) britannique. Il établit des liaisons radio permanentes avec l’Angleterre dès mars 1941. Sa mission essentielle est de surveiller les croiseurs allemands basés à Brest. Jean Le Roux, jeune radio breton formé par l’armée de l’air, adjoint de Robert Alaterre, ancien archiviste des Affaires Etrangères, assure la plus grande partie du trafic radio du réseau. Repéré à Quimper par la goniométrie allemande, le réseau émet alors ses messages à partir de Carhaix, puis Rennes et enfin Morlaix. Traqués, les premiers membres sont arrêtés en août 1942. D’autres le sont au cours de l’hiver 42-43. Sur les 197 agents du réseau, 53 sont tués et 60 déportés. Le réseau, anéanti par les arrestations, cesse d’exister en juillet 1943. Sur le mur d’enceinte du cimetière de Kerfeunten, figure le nom des 34 Français qui ont payé de leur vie leur action au sein du réseau Johny.

SIBIRIL

Ernest Sibiril, natif de Carantec, et son réseau ont fait passer par mer clandestinement en Angleterre plus de 200 résistants français, agents secrets, aviateurs alliés abattus au dessus de la France. Carantec détient le record des évasions réussies. Connaissant parfaitement la côte, ses récifs et ses dangers, les marins pêcheurs mènent leurs passagers à bon port, de préférence les nuits sans lune et par temps de brume pour déjouer les guetteurs allemands. L’historien britannique Brook Richards a pu écrire à juste titre : « On doit admirer le courage d’Ernest Sibiril ».
Cérémonie Sibiril 2008 Associations d'Anciens Combattants Finistère

CENTURIE

C’est le réseau le plus connu ayant fonctionné à St Pol de Léon et qui appartenait à l’Organisation Civile et Militaire (OCM) de la Résistance. Créé en 1941 au plan national par Blocq Mascart et le colonel Moreau Gérard, il s’implante à Morlaix en février 1942 à l’initiative de De Lantivy et Tilly de Locquirec. En charge du secteur côtier entre Roscoff et Goulven, sa mission principale est le recueil de renseignements sur les mouvements de l’occupant et la récupération d’aviateurs alliés. La Gestapo, entre le 26 et le 29 juin 1944, arrête 18 membres de ce réseau. Ils sont fusillés sur le plateau du Bouguen à Brest.

JADE FITZROY

Créé en 1941 sous l’impulsion des services secrets britanniques, ce réseau est plus particulièrement chargé du renseignement et du rapatriement des aviateurs alliés. Ces derniers sont accueillis dans la région de Brest et de Landerneau, hébergés dans des lieux sûrs puis convoyés jusqu’aux Abers en vue de leur évacuation vers l’Angleterre par voie maritime.

LIBE NORD

Implanté dans le Finistère en 1942, le Landernéen Jean-Louis Rolland y joue un rôle militaire important pour le Finistère Nord.