Le mot « mousse » apparaît dès le XVIème siècle.
Louis XIV a développé une marine moderne et fournie, mais elle manque de personnel. Colbert crée l’inscription maritime qui recense l’ensemble des marins dénombrés par classe. Toutefois, l’appel aux volontaires pour embarquer ne suffit pas à faire le plein des équipages nécessaires. Pour systématiser le recrutement, il est décidé d’incorporer des jeunes garçons qui seront formés aux métiers de la marine de guerre. C’est ainsi qu’est créé à Brest en 1829 un « Equipage de ligne de 1ère classe » et en 1832 la première compagnie des mousses de Brest est installée à la Cayenne (quartier de Recouvrance) par ordonnance royale. Elle incorpore des garçons de 12 à 14 ans ; à 16 ans ils peuvent s’engager comme apprentis-marins, sinon ils peuvent rester dans la marine jusqu’à 18 ans. D’abord « gabiers » les mousses peuvent se spécialiser et embarquent dès la fin de leur cours. En 1835 une deuxième compagnie est installée aux Capucins : elle est formée des groupes de mousses de Lorient et de Rochefort. Une compagnie compte 100 mousses qui sont logés à terre jusqu’en 1836. En 1850 une troisième compagnie est créée à partir d’éléments de Toulon et de Cherbourg, et en 1856 un décret officialise l’Ecole des Mousses de Brest. Les jeunes sont logés et instruits sur des navires affectés et mouillés en rade de Brest : depuis le Mytho jusqu’au Bretagne qui deviendra l’Armorique en 1922. Les effectifs augmenteront progressivement et atteindront 1 600 en 1940.
L’emploi du temps des mousses, aux horaires rigoureux, est partagé entre l’instruction scolaire, religieuse, les tâches d’entretien et l’entrainement aux manœuvres. Des récompenses sont prévues : reconnaissance comme « élite », ancre d’argent, sifflet d’argent, livres. De même un barème de sanctions est à la discrétion de la hiérarchie. Un vocabulaire est propre à l’Ecole : le « castor » qui ne doit pas être employé en dehors. Les programmes de formation évolueront petit à petit en même temps que la Marine progressera mais l’esprit de l’Ecole demeurera.
La première guerre mondiale ne perturba pas le fonctionnement de l’Ecole des Mousses dont plusieurs anciens partagèrent le sacrifice des marins sous les armes. Il n’en fut pas de même lors de la seconde guerre mondiale. Mis en alerte dès le moi de mai 1940, les mousses embarquent sur le cuirassé Paris le 15 juin et quittent Brest le 18 juin vers Plymouth. De là ils seront dirigés sur Casablanca puis Safi où les cours se poursuivent. Finalement les mousses arrivent à Toulon le 1er novembre après avoir traversé le Maroc et l’Algérie. L’école est installée sur l’Océan. L’école devient une école préparatoire de la Marine sous statut civil .Alors que les troupes allemandes occupent la zone libre, les mousses sont évacués vers Cahors, où ils resteront jusqu’à l’été 1944. Pendant ce temps, des écoles de mousses avaient été créées sous l’impulsion des FNFL en Grande Bretagne et à Saint-Pierre-et-Miquelon. Après le 8 mai 1945 les écoles de la Marine sont réorganisées. L’école des mousses s’installe au Dourdy-en-Loctudy (environ cinq cents élèves) jusqu’en 1960 puis elle revient à Brest, aux Quatre-Pompes. Le 15 juillet 1988, après un dernier défilé, l’école des mousses est dissoute et son drapeau confié à la garde de l’école de maistrance de Brest.
Vingt et un ans passent et en septembre 2009 une nouvelle école des mousses est ouverte à Brest : elle s’inscrit dans le cadre du plan « égalité des chances » et recrute 150 jeunes, filles et garçons, en fin de classe de troisième, pour un an de formation et d’éducation, avant un engagement possible dans la Marine nationale. A l’occasion de la présentation de la première promotion, le ministre de la Défense lui a transféré son drapeau dont l’école de maistrance, puis le Centre d’instruction naval, avaient la garde depuis novembre 1988. Ce drapeau, créé par décision ministérielle du 4 avril 1958, a été remis à l’Ecole des mousses le 11 novembre 1958. Il porte :
– La croix de chevalier de la Légion d’honneur (16 juillet 1954) ;
– La croix de guerre 1914-1918 (1922) ;
– La croix de guerre 1939-1945 (1951) ;
– La croix de guerre des TOE (1955).