Refusant l’idée de signer l’armistice franco-allemand à la mi-juin 1940, le général de Gaulle regagne Londres le 17 juin pour organiser la poursuite des combats aux côtés des Alliés. Il lance son fameux appel le 18 juin. Une cohorte de volontaires, au nombre desquels de nombreux Nord-Finistériens, rallie sa cause pour participer à la lutte dans les airs, sur mer et sur terre. Commence alors l’épopée des Forces Françaises Libres sous la bannière de la Croix de lorraine.
Les Forces Aériennes Françaises Libres
Dès le 18 juin, on assiste à un départ en masse d’aviateurs volontaires en provenance de tous les coins de France. Ils traversent la Manche ou la mer du Nord, les uns par voie aérienne à bord d’appareils les plus divers, civils ou militaires, les autres par voie maritime à bord de cargos, de navires de pêche ou de plaisance. A Ismaïlia, d’autres aviateurs constituent les trois premières escadrilles de la France Libre : les « Free French Flights 1, 2 et 3 ». Ainsi en juillet 1940, ce sont près de 500 aviateurs qui combattent aux côtés des Britanniques, souvent au sein de la RAF, soit en Angleterre soit au Moyen Orient. Ces derniers constitueront le noyau dur de l’Aviation d’Afrique Libre qui naîtra bientôt au Tchad.
Les Forces Navales Françaises Libres
Une partie de la flotte française immobilisée sous contrôle britannique à Alexandrie ou dans les ports de Grande Bretagne rallie la cause du général de Gaulle. Fin juin, l’ossature des Forces navales Françaises Libres comporte ainsi quatre sous-marins, trois avisos, deux patrouilleurs, quatre dragueurs de mines armés par leurs équipages ainsi qu’un bataillon de fusiliers marins. Après le 18 juin, des renforts affluent en Angleterre par voie maritime. En six mois, la Marine des FNFL s’accroît et les effectifs passent à 3 100 hommes permettant de réarmer en complément un sous-marin, deux contre-torpilleurs et un torpilleur.
Les Forces Terrestres Françaises Libres
Après les combats de Narvik, via Brest et l’île de Sein, des éléments de la Demi-brigade de la Légion étrangère gagnent l’Angleterre fin juin. Se joint à eux rapidement une cohorte de volontaires qui affluent du continent par voie de mer. Ces éléments constituent l’embryon des Forces Terrestres de la France Libre. Ce groupement, avec l’appoint des fusiliers marins, reprendra le combat en Erythrée et en Ethiopie après une longue épopée maritime autour de l’Afrique. Parallèlement, le bataillon d’infanterie coloniale de Chypre rallie la France Libre et reprend lui aussi les combats en Libye. Puis c’est le tour du régiment de tirailleurs sénégalais basé au Tchad de se rallier. Aussi en décembre 1940, l’Armée Libre d’Afrique est prête à reprendre le combat aux abords du Sahara avec le soutien de l’aviation.
Au général de Gaulle qui lui demandait comment il avait rallié Londres, Jacques Remlinger, pilote FAFL aurait répondu : « En métro, mon général », puisqu’il y résidait !. Halna du Fretay, lui, a remonté un avion de tourisme stocké dans les communs du château familial breton avant de s’envoler vers l’Angleterre. L’aspirant Jean Peset s’échappera de la poche de Dunkerque avec son escouade à l’aviron avant d’être grièvement blessé par un tir de mitrailleuse allemande. Il deviendra par la suite le représentant de la France Libre au Mexique. De manière plus « banale », si l’on puis dire, nombreux ont été les volontaires qui ont rallié l’Angleterre à partir des côtes bretonnes en utilisant des navires de pêche ou de plaisance. Le yacht « Manou » est certainement l’un des tout premiers à réussir la traversée de la Manche après avoir quitté Paimpol le 19 juin, faisant le plein de marins de la Marine nationale et d’élèves de l’école d’hydrographie. Le 21 juin, le navire de pêche « Don Michel de Noblezt » appareille de Douarnenez et le langoustier « Marie Louise » de Camaret. Entre le 19 et le 26 juin, les navires de pêche « Velleda », « Roanez ar Mor », suivis du « Rouanez ar Peoch » et du « Marie Stella » appareillent de l’île de Sein. En plusieurs rotations entre Sein et l’Angleterre, 114 îliens rejoignent ainsi les FFL. D’autres partis d’ailleurs les rejoignent. Ils seront 130 en juillet, ce qui fait dire au général de Gaulle qui passait en revue les 400 marins le 4 juillet : « L’île de Sein est donc le quart de la France. Quand tout sera terminé, j’irai vous voir chez vous ». Et comment ne pas citer encore l’appareillage de la « Petite Anna » le 20 octobre avec six passagers dont Guy Vourch, élève officier et fils de résistant, en compagnie de Robert Alaterre qui reviendra former l’un des premiers réseaux de résistance sur le sol breton ?