Préparation à la visite de Lambader du 22 juin

Il était une fois une chapelle… Lambader.

Il y a quelques semaines, nous étions au Folgoët, nous voici à Lambader.

Deux sanctuaires ayant attiré et attirant encore des foules en prières lors de leurs pélérinages et de leurs pardons. Deux sanctuaires où cohabitent harmonieusement légende et histoire. Ils ont tous deux été le théatre de phénomènes surnaturels: au Folgoët le miracle du lys, à Lambader celui des fers, des colliers de fer ayant servi à entraver des forçats.

Il était une fois un chevalier breton, prisonier des Sarrasins. Notre dame lui apparut dans sa géole et le délivra. Non seulement elle le délivra, mais elle fit mieux, elle le transporta au delà des mers au hameau où résidait un ermite, saint Bader, dans la paroisse de Plouvorn. Qui dit ermite dit cabane et source. La Reine des cieux pria le croisé libéré de la remercier. Comment ? En construisant un lieu de prières pour y attirer des processions.

Chose promise, chose due. C’est l’origine de la première chapelle, la chapelle de Lambader, construite sur une source.

Aprés la légende, l’Histoire.

Le Duc de Bretagne, Jean V, surnommé à juste titre Jean le Bâtisseur, décide d’encourager et de financer les constructions d’édifices religieux chez les Bas-Bretons, ses alliés dans sa guerre victorieuse contre l’autre prétendant. Les paroissiens de Plouvorn verront ainsi s’élever la deuxième chapelle, un ex-voto en quelques sorte. C’est l’origine de la chapelle que nous avons sous les yeux, reconstruite à l’identique il y a un siècle et demi.

Pourquoi cette reconstruction ? A cause de la guerre, une autre guerre bien plus terrible que celle du Duc, la guerre dite des religions, allias la guerre de la Ligue. Rien de religieux dans ce conflit commencé en 1589, mais du pain béni pour les soudarts, les coupe-jarrets, les pillards de tout poil. Finis les pélérinages, en sommeil la dévotion à Marie dont la chapelle se dégrade et manque de disparaitre, comme la basilique du Folgôet.

Il est dit que les miracles, mêmes laics, existent. C’est à Prosper Mérimée que la basilique a dû d’être relevée de ses ruines. C’est au vicomte de Réals que Lambader doit sa reconstruction à l’identique. Dieu soit loué ! Et Notre Dame a pu regagner sa maison, celle que nous allons visiter, un chef d’oeuvre du gothique flamboyant.

Ce qui est le plus remarqué et le plus vanté, c’est le clocher:

  • Si le Kreisker était abattu
  • Lambader n’aurait aucun rival,

dit, en breton, l’aphorisme cher aux paroissiens de Plouvorn. Changez Kreisker, remplacez-le par le Folgoêt, et un deuxième proverbe mériterait d’être cité:

  • Si le Folgoët était abattu,
  • Lambader n’aurait aucun rival,

pas pour son clocher, mais pour son jubé. Ici dentelle de bois de pierre. Et dans son ensemble aux dessins découpés et fouillés avec la plus grande finesse, le plus admirable est le petit escalier à vis dont la spirale des marches est indiquée au moyen de gracieuses colonettes. Et de tout coeur avec les « pardonneurs » quand finira notre pélérinage sur terre, chantons ce dernier couplet du cantique à Notre Dame:

  • Ouvrez la porte, monsieur saint Pierre,
  • Nous sommes les enfants de Lambader.  
  •  
  • H. J. TurierBrest, le 17 avril par