Dans la majorité des cas, la Légion d’honneur a été attribuée à des prêtres pour faits de guerre, soit en 1914-1918, soit en 1939-1945 ou sur d’autres théatres d’opérations. Ils servaient comme officiers, aumôniers, infirmiers ou brancardiers, et naturellement le plus souvent en première ligne du front ou sur des navires combattants.
Une statistique concernant la guerre de 1914, publiée dans « Le livre d’or de l’évêché de Quimper et du Léon », donne des résultats impressionnants :
- – sur 534 prêtres, 148 ont été cités totalisant 222 citations ;
- – sur 232 séminaristes, 80 ont été cités totalisant 136 citations.
Mais pour l’obtention du « ruban rouge », seuls les titulaires de plusieurs citations avaient eu une chance et parfois ils l’ont reçu soit à titre posthume, soit très longtemps après les combats.
Comme beaucoup d’autres catégories de citoyens, la communauté religieuse du Finistère a payé un lourd tribut au cours de la Première Guerre mondiale : 107 prêtres ou séminaristes sont décédés ou disparus, et parmi les 21 prêtres ordonnés à Quimper en 1914 et mobilisés, seuls 2 ont survécu. On peut imaginer le dilemme de ces hommes de Dieu, artisans de paix, plongés dans des conflits aussi cruels. Qu’ils soient aumôniers, brancardiers ou infirmiers dans l’Armée de terre ou aumôniers dans la Marine, ils sont intervenus généreusement au profit de leurs camarades de combat dans des conditions souvent périlleuses. Leur exemple de courage et d’abnégation, leur idéal d’altruisme et d’amour du prochain, leur amour de la Patrie ont certainement contribué au maintien du moral des troupes dans les moments difficiles.
Avoir vécu de telles épreuves aura eu sans conteste l’effet d’approfondir leur connaissance de l’âme humaine et servir ainsi leur ministère. De même, malgré leur souci d’humanité, l’aura liée à leurs exploits n’a pu que crédibiliser leurs appels à la paix.
N’oublions pas cependant les prêtres et religieuses qui n’ont pas combattu mais qui ont remarquablement contribué au soutien moral et matériel de leurs concitoyens en difficulté ou en situation de détresse. Leur admission dans l’Ordre de la Légion d’honneur constitue une juste récompense de leurs actions. La participation des prêtres, de par leur position sociale, a consisté surtout en l’organisation de secours au niveau local ou départemental. En ce qui concerne les religieuses, elles ont essentiellement exercé les fonctions d’auxiliaires de santé dans les hôpitaux ou les centres de soins, en métropole ou en outre-mer mais aussi parfois sur des théâtres d’opérations. Dans tous les cas, leur dévouement, leur gentillesse et leur compétence ont été soulignés.