Le 19 juin, la section a effectué une sortie touristique et culturelle. Au programme deux visites hautement instructives: l’enclos paroissial de La Martyre le matin, le musée Yan’ Dargent à Saint Servais l’après midi.
Le matin
Dans le sillage de leur guide habituel Henri Turier, apprécié de tous, quelque 40 sociétaires se sont rendus à La Martyre. Cette petite bourgade, qui domine l’Elorn, à 200 mètres au dessus du niveau de la mer, a été édifiée au croisement de voies routières reliées à toutes les échancrures du littoral de Crozon à Morlaix, carrefour propice aux échanges commerciaux avec les pays maritimes voisins. La famille princière la plus célèbre de Bretagne, les Rohan, s’est investie au delà de toute mesure pour que La Martyre devienne une foire internationale, ce qu’elle devint.
De l’avis des historiens de l’art sacré, l’enclos paroissial est le plus ancien, le plus complet, le plus original des enclos des rives de l’Elorn. Original certainement puisqu’il a réussi le mariage harmonieux de quatre styles architecturaux: Roman, Ogival, Renaissance et Classique. Le guide a invité l’assistance à faire le tour de l’édifice. Il s’est attardé sur un des monuments les plus dignes d’intérêt de l’enclos: l’ossuaire. Au premier coup d’œil, sur la façade de cette construction, les lanternons, les pots à feu, les cariatides montrent à l’évidence que nous ne sommes plus dans le Gothique mais dans le Renaissance, renaissance italienne et païenne puisqu’héritée de l’antiquité gréco-romaine. Un ossuaire n’est pas seulement une décharge d’ossements, c’est surtout une collection d’images porteuses de messages délivrés par les morts aux vivants qui leur succèderont. Et ce, par l’intermédiaire de figures emblématiques, comme ce crâne et ces deux tibias évoquant le fossoyeur s’adressant à Hamlet « Être ou ne pas être ». Moins littéraire et terriblement réaliste, l’Ankou, connu de tous les bretons, personnifie la faucheuse macabre annonciatrice d’une mort prochaine « Aujourd’hui c’est moi, demain ce sera toi ».
Quelques kilomètres plus loin, les participants ont quitté l’art du « bien mourir » de La Martyre pour celui du « bien vivre » de La Roche Maurice autour d’un repas convivial et savoureux à l’Auberge du Vieux ChâteauLe 19 juin, la section a effectué une sortie touristique et culturelle. Au programme deux visites hautement instructives: l’enclos paroissial de La Martyre le matin, le musée Yan’ Dargent à Saint Servais l’après midi.
L’après-midi
Puis les convives ont regagné Saint-Servais où ils ont été accueillis par Jean Berthou, créateur et conservateur du musée Yan’ Dargent, impatient de faire découvrir cet artiste (1824-1899) né et inhumé à Saint Servais, chevalier de la Légion d’Honneur. Ici le peintre-illustrateur est présent partout: dans l’église et l’ossuaire que le peintre d’art religieux a splendidement décorés, dans le cimetière de l’enclos paroissial où il est inhumé, dans le musée éponyme qui expose une quarantaine de ses oeuvres. « Vous ne sentirez pas le temps passer avec moi », nous avait dit notre guide d’entrée de jeu, et de fait on n’a pas senti passer les quatre heures d’une présentation passionnante.
Parmi la quarantaine d’oeuvres exposées au musée, « Les lavandières de la nuit » ont retenu l’attention car ce tableau a valu la célébrité à l’artiste. Celui-ci serait en effet passé dans l’oubli sans l’intervention d’un « passeur » de talent, écrivain romantique, Théophile Gautier, qui a commenté cette toile en dix lignes; mais, nous dit le conservateur qui les a lues à haute voix, dix lignes qui valent leur pesant d’or car, sans ce « passeur », presque personne ne connaîtrait Yan’ Dargent. « C’est la force du verbe », martèle-t-il, avec en écho le proverbe connu « La parole est d’argent ».
Au nombre des anecdotes on retiendra l’histoire invraisemblable de la décollation du chef de Yann Dargent huit ans après son inhumation.
Un siècle plus tard, à Saint Servais nous avons rencontré un autre « passeur »: merci Jean Berthou, soyez assuré que cet été nous inviterons nos amis à visiter ces lieux, surtout si vous êtes présent, cela va de soi.